Il n’y a rien de plus écœurant que d’assister à la démolition par les forces de l’argent et des idéologies obscurantistes, de l’espoir et de la combativité de militants.
Mes amis sur Facebook sont en extase à chaque fois que le Canada accueille des réfugiés syriens, que leur Premier ministre adresse ses vœux au monde musulman ou qu’il fasse simplement preuve de bon sens, à l’ère où des policiers interpellent une femme sur une plage en France pour son style vestimentaire.
Face donc à tant de compassion, de compréhension et de désir d’inclusion de l’autre, chez nos amis canadiens, nous restons bouche bée, et nous nous demandons, pourquoi ne pourrions-nous pas avoir des « Justin Trudeau », au Parlement et au gouvernement marocains ?
Ne mériterions-nous pas plus que de malheureux fauteuils vides et de rares députés sérieux, dans notre beau Parlement ? Le Maroc serait-il dépourvu de pareils profils en politique?
NON et NON.
Le Maroc est bourré de talents, jeunes et moins jeunes, soucieux du devenir de leur pays, désireux de le servir au quotidien.
Certains, actuellement, ont même suffisamment d’ambition pour ce pays, de courage et de sens de l’abnégation, pour mener la bataille d’une campagne législative.
Malheureusement, nous avons un problème politique majeur au Maroc.
L’ascension politique dû au talent et au charisme seuls relève du miracle.
Justin Trudeau en personne aurait peu de chance d’être élu au Maroc !
Il n’y a rien de plus écœurant que d’assister à la démolition par les forces de l’argent et des idéologies obscurantistes, de l’espoir et de la combativité d’un militant.
Tant d’efforts en vain, tant de temps perdu par notre pays !
Mais pourquoi cette ascension politique ne serait plus possible, me dites-vous ??
L’abstention :
L’abstention encourage et maintient la corruption électorale.
Le calcul est extrêmement simple, pour être élu député de la grande circonscription de Rabat-Chellah par exemple, il suffit d’obtenir à peu près 8000 voix.
8000 personnes seulement. C’est extrêmement peu pour devenir député de la capitale sachant que la circonscription compte 200.000 électeurs inscrits !
Je vous laisse deviner les sommes que seraient prêts à déverser des candidats sans scrupules dans les quartiers pauvres et moins pauvres, pour le prestige du Parlement !
Mais Rabat, comme d’autres grandes villes marocaines, se caractérise également par une forte classe moyenne, qui ne peut être mobilisée par les sirènes de l’argent ni dupée par les fausses promesses de paradis. Pourquoi les citoyens ne se révoltent-ils donc pas contre ces candidats ?
La grande confusion politique que nous vivons est une cause.
Difficile d’identifier les 2 ou 3 listes sérieuses entre une quinzaine de candidatures aux promesses en apparence indifférenciables.
Lorsque la désinformation et l’intox priment, difficile également de blâmer les citoyens de ne pas être au fait de ce qui se passe réellement sur la scène politique.
C’est pourquoi il est nécessaire de se reporter à ce que sont pour l’électeur, les critères fondamentaux de l’exercice démocratique :
La crédibilité :
Le vote pour des « boutiques électorales », partis historiquement de l’administration n’a plus de sens dans le Maroc de 2016. Ces partis qui n’ont pas de bases populaires, nuisent au processus démocratique. Ils n’ont eu d’autres fonctions par le passé que de combattre la gauche et plus récemment, de biaiser le paysage politique au Maroc.
L’engagement politique du candidat auquel vous accorderez votre vote doit être avéré. La carrière politique de ce dernier peut être critiquable, toute décision politique l’est par nature. Mais ce doit être un vrai politicien dans le sens où il s’intéresse réellement à la chose publique et s’inquiète du devenir de la communauté et non une sorte de simple machine électorale.
L’affinité idéologique et les programmes :
Autant les désirs de vivre enfin une alternance au Maroc et de sauver le pays de la crise cardiaque ont poussé les marocains sans distinction idéologique à une véritable union nationale derrière l’USFP en 1998, et à renouveler leur confiance en cette expérience en 2002. Autant il est clair qu’aujourd’hui nous sommes face à des projets de société très différents.
A l’heure où les mensonges des « gardiens des bonnes mœurs et des valeurs familiales » sont finalement apparus au grand jour, le Maroc a-t-il besoin d’élus souhaitant réformer les politiques publiques, ou de police des mœurs?
Doit-on prioriser la satisfaction du FMI et de la Banque mondiale par des mesures d’austérité, ou les besoins des citoyens par des mesures combattant les inégalités ?
Quelle place pour la femme marocaine dans le développement de notre pays? Doit-elle contribuer uniquement au foyer, à travers l’éducation des enfants ? Ou également au côté de l’homme, dans le monde professionnel ?
Les régressions visibles des libertés individuelles, la rigidité croissante de la société et son manque de compassion, les candidatures de salafistes de plus en plus nombreuses, sont-elles des coïncidences, ou les effets d’un raz-de-marée conservateur violent ?
Le résultat de ces élections apportera des réponses à ces questions et bien d’autres.
Le bilan
Nous avons pour la première fois, en tant que nation, l’opportunité après cette deuxième alternance politique, de comparer entre deux expériences : celle de 1998 à 2007 et celle de 2011 à 2016.
Pour les amateurs de statistiques, les indicateurs socioéconomiques sont accessibles en quelques clics. Ils sont tous à sens unique : en faveur de la première alternance.
Pour les autres, distinguer entre conservatisme et progressisme, entre capitalisme sauvage et mesures socio-économiques, entre populisme bruyant et sobriété, entre victimisation et sens de responsabilité… n’a jamais été aussi serein.
Des candidats sérieux, partageant les valeurs universelles de Justin Trudeau, souhaitant œuvrer pour l’ouverture et le progrès du Maroc, se présentent aux élections dans toutes les circonscriptions du Royaume sous le signe de la Rose.
Faites l’effort de leur réserver un peu de votre temps, déplacez-vous le 7 octobre, barrez la route à la corruption et embellissez notre Parlement.
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