JAMAL BERRAOUI
Les retrouvailles des Tihadis pourraient augurer un nouvel élan pour la préparation d’un congrès refondateur.
La soirée anniversaire de la création du Tihad organisée au théâtre Mohammed V à Rabat a été assurément une réussite. Si la réaffirmation de l’identité de ce parti a constitué le fil conducteur, il y avait aussi un mélange de nostalgie et de volonté de s’ouvrir sur l’avenir.
Beaucoup d’anciennes figures, qui étaient en retrait depuis très longtemps, étaient présentes. D’anciens parlementaires, dirigeants syndicalistes, membres du bureau politique, ils étaient tous là, oubliant leurs rancœurs, l’espace d’une soirée. Pour tous les participants, l’enjeu était plus important que la réussite de cette soirée.
L’enjeu c’est d’ouvrir une perspective politique permettant le renforcement des structures et surtout le réarmement conceptuel qui fait défaut depuis deux décennies.
L’ouverture : une promesse à tenir
Le mot clé était l’ouverture. Ouverture sur les Tihadis en désaccord avec les choix du parti, qui sont nombreux mais ce n’est pas étonnant dans un mouvement où tirer sur l’Etat-major est le sport favori. Mais aussi ouverture sur les autres tendances de la gauche qui vivent des crises existentielles et enfin ouverture sur la société, ce qui est beaucoup plus important.
L’opération réconciliation va durer jusqu’au 30 mars, dans toutes les régions du Maroc, les militants anciens et nouveaux encartés auront la lourde tâche d’entamer un marathon de 18 mois pour préparer le onzième congrès. Cette longue préparation est un choix. Elle vise l’expression de toutes les divergences d’analyse, un vrai débat pour qu’à la sortie les congressistes adoptent des documents sur la prochaine étape historique du pays, en matière de renforcement de la construction démocratique, de choix socio-économique et du rôle que veut jouer le parti dans l’étape à venir, c’est tout un programme et la longue durée n’est pas de trop.
En même temps, réorganiser le parti, élargir ses bases, réanimer les secteurs, renforcer la Chabiba et l’organisation féminine sont des tâches immédiates et sans s’y atteler le travail intellectuel ne servira pas à grand-chose.
L’ouverture sur la gauche ne peut se résumer à des contacts d’appareil. C’est l’unité sur des positions en particulier sociétales, qui permettra d’avancer vers une gauche plurielle dont l’USFP ne pourra être que le bateau amiral.
D’ailleurs, on apprend que des tendances veulent se dissoudre et créer un nouveau parti. Cela se fera dans les mois à venir et pourrait être un élément de la reconstruction rationalisée dans sa diversité.
Ce n’est pas une option, c’est une obligation. Pendant 60 ans, la gauche a été un acteur incontournable de la vie politique, son émiettement, a laissé la place aux courants régressifs.
C’est l’instinct de survie qui ranime la flamme.
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