Le Groupe socialiste regrette une décision hâtive, prise sans fournir d’explication, semant ainsi la confusion parmi les citoyens
Le pass vaccinal a été au cœur des discussions, lundi à la Chambre des représentants, lors de la séance hebdomadaire des questions orales. Le Groupe socialiste à la première Chambre a notamment interpellé le ministre de la Santé et de la Protection sociale, Khalid Ait Taleb sur ce sujet, regrettant une décision «hâtive, prise sans fournir d’explication, semant ainsi la confusion parmi les citoyens, surtout dans ces circonstances difficiles que traverse notre pays».
Le Groupe socialiste a indiqué que le gouvernement «doit apporter des éclaircissements et communiquer davantage d’informations à l’opinion publique, tout en veillant à interagir directement avec les attentes des Marocains et leurs préoccupations». Et par la même occasion, «ne pas laisser le champ à certaines catégories qui tentent de nuire à notre pays et à son processus de développement».
Ils ont également mis la lumière sur le fait que dans certains pays, l’administration de la 3ème dose du vaccin n’a concerné que les personnes âgées ou de santé fragile, au moment où d’autres pays n’ont carrément pas eu recours à cette 3ème injection. «Alors que dans notre pays, elle est prévue pour tout le monde», a-t-on affirmé, avant d’interroger le ministre sur les raisons d’une telle décision, vivement contestée.
Le fait marquant avant le début de cette séance a eu lieu à l’entrée du Parlement quand la nouvelle députée et secrétaire générale du Parti socialiste unifié (PSU), Nabila Mounib et Fatima ZahraTamni, élues sous les couleurs de la Fédération de la gauche démocratique (FGD)se sont vues interdire l’accès à l’hémicycle, faute de pass vaccinal.
La S.G du PSU a tenu un point de presse, improvisé sur place, dans lequel elle a tenu à affirmer qu’elle détient un test PCR négatif devant lui permettre l’accès au Parlement et qu’elle ne représente aucun danger pour qui que ce soit. «Ils nous ont demandé de présenter le pass de vaccination, et je ne l’ai pas, car je considère que la vaccination n’est pas obligatoire. Il y a des Marocains qui ont choisi de se faire vacciner et d’autres non», a-t-elle souligné.
Pour ce qui est de Fatima Zahra Tamni, elle a finalement réussi à accéder à l’hémicycle et à prendre la parole dans un point d’ordre où elle a fait part de sa surprise quant à cette interdiction. «Nous avons été surprises par cette mesure de ne permettre l’accès au Parlement qu’aux personnes ayant présenté un pass vaccinal, alors que j’estime que la vaccination anti-Covid doit constituer un choix personnel», a-t-elle souligné, avant de préciser qu’elle a bel et bien reçu trois doses du vaccin mais qu’elle n’a pas téléchargé son pass. «L’instance qui a pris cette décision devait s’en assurer elle-même», a-t-elle fait savoir, tout en indiquant que «l’obligation de présenter ce document intervient dans des conditions totalement improvisées».
De son côté, Khalid Ait Taleb a plaidé la légalité de cette mesure «prise dans un souci de prévention contre les nouveaux foyers de contamination qui peuvent resurgir, et de se préparer à l’hiver, qui est une saison propice à l’apparition de nouvelles vagues épidémiques». «La décision d’adopter le pass vaccinal a été prise dans le cadre du Décret-loi n° 2-20-292 du 23 mars 2020 édictant des dispositions particulières à l’état d’urgence sanitaire. Il donne la possibilité au gouvernement de prendre toutes les mesures nécessaires qu’exige la conjoncture, et ce par le biais de décrets, décisions réglementaires et administratives ou par des circulaires et avis, afin d’empêcher l’évolution épidémique de la maladie», a-t-il expliqué. «Le pass vaccinal a été adopté non pas comme mesure contraignante, mais au contraire, constitue un document officiel qui va permettre aux personnes entièrement vaccinées à reprendre progressivement leur vie normale», a-t-il ajouté, notant que la logique de la prévention exige d’assouplir les mesures restrictives pour la communauté des vaccinés. Il a également souligné que l’adoption du pass vaccinal «contribuera assurément à se prémunir du risque de transmission du virus parles personnes non encore vaccinées, et incitera les récalcitrants et les indécis à franchir le pas et à prendre leurs doses de vaccin».
Le ministre de la Santé et de la Protection sociale a également fait savoir que «l’adoption du pass vaccinal en tant que seul document officiel permettant le déplacement des personnes et l’accès aux espaces publics et privés est une décision sage, et ce, afin d’éviter toute dégradation de la situation sanitaire avec tout ce que cela engendre comme conséquences sur le système de santé, surtout que tous les indicateurs montrent que la prochaine vague sera plus violente que les précédentes».
M . Ait Taleb a également réitéré son appel à davantage de prudence, de vigilance et à continuer à interagir avec beaucoup de responsabilité avec les décisions prises par les pouvoirs publics pour préserver les vies et la santé publique. «Notamment la vaccination et le téléchargement du pass vaccinal, dans le but de contribuer à l’effort collectif de prévention contre les risques de cette pandémie», a-t-il soutenu.
Il est enfin à rappeler que le Conseil national des droits de l’Homme (CNDH) a lancé, lundi, un appel à l’ensemble des citoyens pour «une adhésion consciencieuse et responsable» à la campagne nationale de vaccination contre la Covid-19. Dans une lettre adressée au chef de gouvernement au sujet de l’instauration de l’obligation du pass vaccinal, leCNDH assure qu’il œuvrera en faveur d’un débat sur cette question et les moyens de substituer ce document par un pass sanitaire en vue de surmonter les contraintes relatives à la gestion de l’étape actuelle. La lettre a insisté sur la mise en place du pass sanitaire qui attestera de l’immunité par la présentation d’un test PCR négatif selon les dispositions en vigueur, une attestation de guérison de la Covid-19 ou un une attestation délivrée par le médecin traitant justifiant l’exemption de vaccination avec la précision des causes.
Le Conseil a, par ailleurs, recommandé d’intensifier la communication avec les citoyennes et les citoyens non vaccinés pour atteindre l’immunité collective et œuvrer à garantir leur accès aux lieux publics, essentiellement les services administratifs, qui ne peuvent être restreints sans la prise de mesures transitoires nécessaires, de sorte à ne pas porter préjudice aux libertés individuelles et collectives en termes d’accès aux prestations publiques.
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