Le Groupe socialiste à la Chambre des représentants s’est distingué par la qualité des interventions de ses membres lors des débats concernant le PLF 2022.
En effet, la députée socialiste, Khadouj Slassi a vivement critiqué le gouvernement dont les composantes n’ont pas tenu leurs promesses électorales ni celles contenues dans le programme gouvernemental.
«Aujourd’hui, nous nous rendons compte que nous n’avons pas tiré profit de la leçon de la crise sanitaire du Covid-19. Nous regrettons également que nous n’avons pas noté une véritable mise en œuvre de l’esprit de la Constitution dans nombre de secteurs, dont notamment la culture et l’éducation », a-t-elle martelé dans son intervention au nom du Groupe socialiste.
Khadouj Slassi
Dépenser pour l’éducation permet d’éviter d’avoir à le faire, par la suite, pour lutter contre les maux sociaux tels la criminalité, l’extrémisme ou le terrorisme
Selon la députée ittihadie, le nouveau modèle de développement promettait une révolution pédagogique qui permettrait de faire progresser l’enseignement et d’améliorer aussi bien sa qualité que les conditions du corps enseignant.
Cependant, le budget alloué au secteur de l’éducation nationale (qui est de 62 milliards de dirhams, dont la majeure partie est dédiée au fonctionnement et à la masse salariale) laisse à désirer.
«Est-ce que nous pouvons effectivement, avec ce budget, améliorer la qualité de l’école nationale que nos enfants méritent au 21ème siècle ?», s’est interrogée Khadouj Slassi avant d’enchaîner: « L’on sait que dépenser dans le domaine de l’éducation aujourd’hui permettrait d’éviter demain de dépenser pour lutter contre les maux sociaux tels que la délinquance, la criminalité, l’extrémisme et le terrorisme ».
La députée de l’USFP a également critiqué le gouvernement qui n’a pas présenté « une vision globale en ce qui concerne l’enseignement élémentaire que ce soit au niveau des programmes et des méthodes, ou au niveau des enseignants, de leur formation, et de leurs salaires ». Selon Khadouj Slassi, toute erreur au niveau de l’enseignement élémentaire serait fatale pour la formation et la construction du citoyen de demain.
Outre l’amélioration de la qualité de l’école publique, le Groupe socialiste appelle le gouvernement à renforcer les mécanismes de contrôle de l’école privée.
« Permettez-moi de vous rappeler que la culture est aussi l’âme des peuples et que l’Histoire ne retient que la culture. Permettez-moi de vous rappeler que le secteur de la culture a consacré une conception vulgaire de la culture comme étant un divertissement et un passe-temps, et a également consacré l’inégalité entre l’Etat central qui monopolise les grandes infrastructures culturelles et les grands festivals, d’une part, et l’Etat des territoires qui souffre de l’absence de structures minimales pour l’accueil de nos jeunes, d’autre part», a encore déploré Khadouj Slassi dans son intervention consacrée au secteur de l’enseignement et de la culture.
Malika Zakhnini
La consolidation des droits et des libertés nécessite une révision profonde et moderniste du Code pénal
Et de poursuivre son réquisitoire contre le gouvernement en disant : « Sur le plan culturel, nous n’avons pas ressenti dans votre projet une réelle prise de conscience de la nécessité d’instaurer une culture religieuse ouverte qui favorise la tolérance et enseigne la différence. La culture doit refléter la diversité et nos valeurs tolérantes et doit être ouverte aux autres ».
«Nous avons remarqué l’énorme différence entre vos promesses électorales et le projet de loi de Finances », a souligné la députée socialiste. Et de conclure son intervention par rappeler au gouvernement que son programme et son PLF 2022 sont loin de poser les jalons de l’Etat social, qui constitue, selon elle, la quintessence du projet sociétal de l’USFP.
Atika Jabrou
Le PLF 2022 a alloué un faible budget aux secteurs sociaux, comme la santé, l’emploi et la famille
Pour sa part, Atika Jabrou a regretté que «le PLF 2022 n’ait «pas alloué un budget important » aux secteurs sociaux, comme la santé, l’emploi et la famille, et ce «bien que le gouvernement tienne un discours social qui place l’humain au centre des politiques publiques ».
Dans son intervention au nom du Groupe socialiste à la Chambre des représentants, la députée ittihadie a souligné que la loi de Finances constitue un véritable moment de mise en œuvre de promesses électorales. Mais, ces dernières se sont avérées des promesses électoralistes et illusoires.
Pour étayer ses propos, Atika Jabrou a cité l’exemple du secteur de la santé, qui est l’un des secteurs importants ayant un impact direct sur la vie des citoyens.
Selon elle, le budget alloué à ce secteur est faible et reste en deçà des attentes et des défis auxquels fait face la santé, et les 5.500 postes budgétaires proposés dans le PLF 2022 sont insuffisants pour combler le déficit en matière de ressources humaines dans
les centres hospitaliers.
« Si ces postes sont répartis entre les 12 régions du Royaume, alors nous aurons environ 400 médecins pour chaque région, et c’est un vrai problème », a-t-elle précisé.
«Ce budget montre également la faiblesse des infrastructures hospitalières et l’absence d’une équité territoriale, car 75% des hôpitaux marocains sont dans un état lamentable et souffrent d’un manque d’équipements», a mis en avant Atika Jabrou.
Pis encore, les hôpitaux privés imposent, selon elle, des prix exorbitants dépassant ceux pratiqués dans les pays occidentaux.
Quant aux projets hospitaliers en voie de réalisation, ils prévoient 7.500 lits sur l’ensemble du territoire. «Cela est insuffisant», a précisé la députée socialiste.
Pour sa part, la députée usfpéiste Malika Zakhnini a affirmé que le Groupe socialiste considère la mise en place d’un Etat fort et juste comme une condition sine qua non pour l’édification «d’un Etat des institutions fondé sur l’Etat de droit, la protection des droits et libertés, la séparation, l’équilibre et la collaboration des pouvoirs».
A cet égard, elle a affirmé, dans son intervention au nom du Groupe socialiste, que «la consolidation des droits et des libertés nécessite une révision du Code pénal, fondée sur une conception moderniste et profonde dépassant la logique des amendements partiels, une révision prenant en compte les transformations sociales, économiques et de valeurs que connaît la société marocaine».
La mise en place d’un Etat fort et juste, qui était d’ailleurs, faut-il le rappeler, la principale devise de la campagne électorale de l’USFP, «nécessite également la consécration du droit à un procès équitable, car nous considérons au sein du Groupe socialiste qu’une justice forte et équitable est l’un des préludes obligatoires pour réaliser le développement et instaurer la confiance entre les citoyens et les institutions», a avancé Malika Zakhnini avant de souligner en outre que la révision ne doit pas être limitée au Code pénal, mais s’étendre au Code de procédure pénale et civile, ainsi qu’au Code de la famille.
«Cela exige un plan législatif clairement établi avec des échéances définies. Malheureusement, le gouvernement ne dispose pas d’un tel plan», a-t-elle souligné.
Tabet Mourad
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