Par Mohammed Anouar Elhazziti
Ces derniers temps, les relations entre l’administration publique et les citoyens souffrent d’une mauvaise réputation dans de nombreux domaines, et le secteur public marocain ne fait pas exception. Des critiques subjectives via les nouveaux médias et les réseaux sociaux concernant la gestion de la chose publique, ont créé un climat de méfiance et de manque de confiance vis-à-vis de la communication des organisations publiques, ce qui a donné lieu à une perception de cette communication comme un moyen de cacher la vérité et d’induire en erreur les citoyens dans le but de réaliser un agenda politique particulier (culture du complot).
Dans ce contexte, le défi pour le communicateur public est de gérer la fonction de communication dans un environnement de méfiance et de cynisme.
Sur le plan de la communication, et dans le jargon médiatique et populaire, il faut dire que l’accent a été mis sur la communication politique. Par contre, l’attention a été moins grande sur la fonction apolitique de la communication assumée par les administrations et les communicants publics.
Pour plus de précision, le terme « communication publique » est utilisé pour décrire les activités de la communication apolitique ou non partisane du pouvoir exécutif du gouvernement concernant les politiques et les projets publics. Cette différentiation a pour but de définir les activités de communication ayant pour objectif de promouvoir un parti politique et / ou un homme politique afin de gagner un soutien électoral, par rapport aux activités de communication ayant pour finalité la gestion de la chose administrative. Tout en reconnaissant que la communication publique implique également des acteurs politiques, l’accent est principalement mis ici sur le rôle du communicateur public (fonctionnaire) dans ce processus.
L’utilisation du terme de «communication publique» dans un sens apolitique, doit reconnaître aussi que la communication ne peut pas et ne fonctionne pas en dehors d’un environnement politique. Il faudra dire que la politique et l’administration sont si intimement liées que leur séparation reste peu pratique et n’est faite que pour faire la distinction entre les activités de communication partisanes et non partisanes au sein du gouvernement.
Cependant, ce terme n’est pas toujours adopté dans la culture publique. Certains font référence à l’information du public ou aux relations publiques du gouvernement, en considérant la communication publique comme un flux d’informations à sens unique mettant l’accent sur les médias, au lieu d’un processus de collaboration et de dialogue. Même au sein des administrations publiques, les fonctions communicationnelles se limitent souvent dans les spécialistes de l’information, de la rédaction des discours et la consultation en relations publiques, et ce dans l’esprit d’influencer les couvertures dans les médias et l’opinion publique.
Ainsi, du point de vue administration publique, la communication peut être considérée comme impliquant beaucoup plus que l’information et les médias, offrant éventuellement une spécialisation ou une orientation professionnelle qui fait par ailleurs défaut dans la pratique. En outre, la communication publique a un rôle stratégique à jouer dans le processus des politiques publiques et de la prise de décision.
L’approche stratégique de la communication va mettre les communicants publics dans une grande variété de rôles, notamment la planification et la mise en œuvre de la communication stratégique (à la fois proactive et réactive), la recherche et le conseil en communication, le conseil du top mangement et de l’établissement de relations, fournissant le positionnement stratégique de l’organisme. Dans ces nouveaux rôles, les communicants vont se retrouver confrontés à des questions telles que les changements de canaux et de méthodes de communication, la confiance du public et la politisation.
Il y a aussi une grande question qui se pose toujours pour la communication publique. Les responsabilités des communicants envers le gouvernement et les citoyens posent le dilemme de savoir si, en tant que communicants, ils devraient être des avocats du gouvernement ou d’ardents défenseurs de l’intérêt général des citoyens, alors qu’ils devront être des facilitateurs d’un processus d’engagement entre le gouvernement et le public.
En conclusion, il s’avère que la communication publique, dans les perspectives de réformes de l’Etat en général et de l’administration publique en particulier, révèle certains des défis et d’obstacles à la fois des organisations communicantes et des citoyens. Il sera opportun pour les responsables politiques et top mangers des administrations publiques de développer une compréhension commune et de respecter la fonction et reconnaissent largement que la communication publique concerne le public, pas le ministre ou le fonctionnaire. C’est pour cela que la compréhension et l’articulation plus claire du rôle des communicateurs publics restera la première étape pour surmonter certaines des perceptions négatives entourant la fonction.
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