La question sociale a été et demeure au cœur du projet sociétal de l’USFP. Cette vérité a été mise en exergue par le dirigeant socialiste, Driss Lachguar, lors d’un débat organisé mercredi par la Fondation Lafqui Titouani dans le cadre des rencontres avec les dirigeants des partis politiques organisées sous le thème « Les programmes des partis politiques entre l’enjeu électoral et les attentes de la société».
Selon le Premier secrétaire, le programme électoral de l’USFP repose tout d’abord sur les discours du Souverain et sur ses initiatives visant à développer les institutions du pays et à renforcer la bonne gouvernance et ensuite sur le référentiel social-démocrate, étant entendu que le parti de la Rose a fait de la dimension sociale un axe fondamental de son action politique avant même le déclenchement de la crise sanitaire du Covid-19.
Driss Lachguar a également souligné que le programme de l’USFP repose sur les résolutions des congrès et les documents de référence, en plus de son mémorandum sur le nouveau modèle de développement, ainsi que celui sur la réforme fiscale, affirmant que ce programme plaide pour un modèle économique alternatif et un système culturel moderniste.
Le Premier secrétaire de l’USFP a, par ailleurs, salué «la révolution sociale» opérée par S.M le Roi Mohammed VI, en lançant le projet de généralisation de la protection sociale à tous les Marocains. Laquelle révolution rompt complètement avec la charité occasionnelle à laquelle recourent certaines parties à des fins politiciennes et électoralistes.
Quant à la question du quotient électoral qui a fait couler beaucoup d’encre, Driss Lachguar a nié le fait que l’USFP ait proposé le quotient électoral tel qu’il a été approuvé par le Parlement, soulignant qu’il avait proposé, dans son mémorandum de juillet 2020, que le quotient électoral soit calculé sur la base des voix exprimées au cours de l’opération électorale, y compris les voix annulées (voir le texte intégral de ce mémorandum publié par Libération le 23 juillet 2020).
L’ancienne formule du quotient électoral s’apparentait à une rente dont tiraient profit certaines formations aux dépens d’autres
Il a également révélé que la proposition de calcul de ce quotient sur la base des inscrits aux listes électorales émanait de l’un des partis de la majorité et non pas de l’opposition, affirmant qu’un consensus s’est dégagé entre certains partis de la majorité et de l’opposition sur cette question et l’USFP n’a pas hésité à le soutenir et à l’approuver. Chiffres à l’appui, le dirigeant ittihadi a qualifié l’ancienne formule de calcul du quotient électoral de «rente dont bénéficiaient certains partis», ajoutant qu’elle «n’était ni juste ni équitable, et que l’USFP en a été grandement affecté». De plus, l’ancienne formule avait créé une polarité artificielle, non pas grâce aux voix des électeurs, mais à cause de la façon dont les sièges sont répartis sur la base des votes valides uniquement.
Il a également mis en avant que le quotient électoral «n’est pas un mécanisme sacré » et la preuve en est la décision de la Cour constitutionnelle qui a récemment validé l’amendement de ce quotient tel qu’il a été voté par le Parlement, tout en soulignant que la persistance du PJD à se cramponner à l’ancienne formule ne prenait pas en compte le consensus qui s’est dégagé entre les partis politiques.
Il a également rappelé que l’USFP a décidé de soutenir ces lois consensuelles et a abandonné sa proposition initiale.
«Il est facile de lancer des préjugés » ou «de lancer de faux jugements», a martelé Driss Lachguar, avant de critiquer ceux qui prétendent que ce nouveau quotient électoral ouvre la porte à la balkanisation du champ politique. Bien au contraire, a estimé le dirigeant socialiste, le nouveau système «favorise une représentation fidèle du vote des électeurs et un accès des différents partis aux institutions élues».
La question des enseignants contractuels a été également évoquée lors de ce débat. La position du Premier secrétaire de l’USFP est on ne peut plus claire. En effet, il a défendu les enseignants contractuels et leur droit d’exprimer leurs revendications légitimes, soulignant qu’il ne faut pas qu’il y ait une discrimination entre l’enseignant contractuel et les autres fonctionnaires de l’éducation nationale.
«Les intérêts catégoriels sont légitimes, mais ils ne doivent pas faire l’objet de surenchères politiques», a mis en avant le leader socialiste, avant d’appeler à la nécessité de «parvenir à des solutions réalistes garantissant le recrutement régional avec les mêmes droits et garanties statutaires de la fonction publique à toutes les personnes recrutées, dont le droit à la retraite et à la promotion».
Concernant les prochaines échéances électorales, Driss Lachguar a assuré qu’elles interviennent dans une conjoncture exceptionnelle liée aux répercussions de la crise sanitaire du Covid-19, tout en rappelant que l’USFP a tenu récemment des réunions régionales à travers le territoire national, durant lesquelles « tous les Ittihadis ont exprimé leur optimisme quant à l’avenir de leur parti ». Et dans le cadre des préparatifs des prochaines élections, Driss Lachguar a affirmé que «50 pour cent des candidatures ont été tranchées à l’unanimité par les bases du parti» et que dans « 30% des cas, il y a compétition entre plusieurs personnes. Ce sont les instances compétentes du parti qui trancheront ces cas», ajoutant que certaines personnes recourent à la désinformation pour porter atteinte au parti de la Rose.
Le Premier secrétaire a rappelé que l’USFP existe bel et bien dans la société et dans les diverses organisations professionnelles (avocats, enseignement supérieur, journalisme… ). «Nous aspirons à occuper la première place lors des prochaines élections, et à diriger la majorité gouvernementale, ce qui nous a incité à lancer le slogan d’une nouvelle alternance, avec de nouveaux alliés », a-t-il mis en avant, ajoutant que les prochaines élections doivent produire de vrais représentants qui soient au service des Marocains et proches d’eux et de leurs problèmes.
Il convient de saluer la sagesse et la fermeté qui caractérisent la gestion de la cause nationale par le Maroc
Driss Lachguar a, par ailleurs, critiqué le chef du gouvernement, Saad Dine El Otmani, soulignant que la majorité ne s’était pas réunie depuis longtemps contrairement à ce que stipule le pacte signé entre les partis qui la composent, assurant que le chef du gouvernement n’a pas daigné consulter les partis majoritaires sur de nombreuses questions importantes. Concernant ses relations avec l’ancien chef du gouvernement, Abdelilah Benkirane, Driss Lachguar a souligné que, contrairement aux anciens chefs de gouvernement avec lesquels il entretient une relations d’affection et de respect, il n’y a pas de relations entre lui et Benkirane, considérant que ce dernier n’a pas respecté le devoir de réserve auquel sont soumis les fonctionnaires de l’Etat, et a fortiori un ancien chef du gouvernement.
Il a estimé que le blocage politique après les élections législatives de 2016 était «imposé par les règles du jeu démocratique», tout en imputant la responsabilité de ce blocage à l’ancien chef du gouvernement pour «sa mauvaise gestion» des négociations visant à former une nouvelle majorité, ce qui avait conduit à sa destitution et à la nomination d’une autre figure de son parti, Saad Dine El Otmani.
D’après le dirigeant ittiahdi, la nomination de Benkirane en 2016 conformément à l’article 47 de la Constitution, «n’est pas une procuration pour qu’il choisisse qui il veut pour former le gouvernement», mais assure plutôt que «le parti classé premier aux élections doit engager des négociations en vue de dégager une majorité».
Pis encore, Driss Lachguar a accusé l’ancien chef du gouvernement d’éprouver une aversion profonde à l’égard de l’USFP.
«Il ne nous considérait pas comme un adversaire politique, mais il nous était plutôt hostile et voulait nous éliminer », a martelé le dirigeant socialiste, ajoutant qu’Abdelilah Benkirane « avait financé sur les fonds de la primature des activités hostiles à la direction légitime du parti au nom d’aider telle ou telle personne». Concernant la révision du Code de la famille, y compris la question de l’héritage, Driss Lachguar a souligné qu’«il est impératif de dialoguer sur la question de l’héritage conformément aux intérêts de la femme marocaine», notant que «la révision de cette question ne transgresse en aucun cas les préceptes de l’Islam».
S’agissant de la question du Sahara marocain, Driss Lachguar a salué les acquis réalisés par le Maroc ces dernières années, notamment depuis le retour du Royaume à sa famille africaine. Il a également salué la sagesse avec laquelle les autorités marocaines gèrent la cause nationale et leur fermeté face à toute atteinte à l’intégrité territoriale de notre pays. Il convient de rappeler qu’à ce débat modéré par le président de la Fondation, Boubker Lafqui Totouani, ont pris part Loubna Abrouk, rédactrice en chef de Hiba Presse, Mohamed Leghrouss, directeur du site Al Omq, Abdelilah Sakhir, directeur de publication d’Al Jarida 24 et Mohamed Belkacem du site Hespress.
Mourad Tabet
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