Mohammed Mellal: La fixation de l’âge maximum pour passer les concours de l’enseignement est une hérésie et nous ignorons la finalité d’une telle décision

La dernière décision du ministère de l’Education nationale d’imposer de nouvelles restrictions pour pouvoir passer les concours des enseignants relevant des Académies régionales d’éducation et de formation (AREF) continue de soulever des remous au sein de la Chambre des représentants. En effet, Mohammed Mellal, membre du Groupe socialiste, a dénoncé lors de la séance des questions orales tenue lundi 22 novembre la décision du ministère de l’Education nationale en fait fixant l’âge maximum d’accès auxdits concours à 30 ans ce qu’il a qualifié d’«hérésie».
«C’est une hérésie créée par le gouvernement et nous ignorons la finalité d’une telle décision », a martelé le député socialiste en s’adressant au ministre de l’Inclusion Économique, de la Petite entreprise, de l’Emploi et des Compétences, Younes Sekkouri, dans le cadre de la solidarité gouvernementale. «Est-ce que la finalité est de provoquer une tension sociale et d’exclure les jeunes?», s’est interrogé le membre du Groupe socialiste.
A rappeler que le Groupe socialiste à la Chambre des représentants a présenté hier lundi (22 novembre) une demande pour la tenue d’une réunion urgente de la Commission de l’enseignement, de la culture et de la communication en présence du ministre de l’Education nationale, et ce pour débattre de cette décision ayant provoqué un tollé chez un pan important de jeunes. Il a également adressé une question d’actualité au ministre de tutelle sur les conditions aberrantes et iniques imposées aux jeunes diplômés pour passer les concours des enseignants relevant des AREF. Il s’agit en l’occurrence de la limite d’âge d’accès auxdits concours qui a été fixée à 30 ans, ainsi que de l’interdiction d’accès au concours aux candidats sous contrat avec le secteur privé.
Pour le Groupe socialiste, ladite mesure contredit l’article 1 du Dahir n° 1-58-008 du 24 février 1958 portant statut général de la fonction publique qui dispose que tout Marocain a le droit d’accéder dans des conditions d’égalité aux emplois publics, tout en soulignant que fixer l’âge maximum d’accès aux concours à 30 ans contredit également les statuts régissant les AREF qui fixent la limite d’âge maximum à 40 ans. Ainsi, l’article 4 de ces statuts exige que l’âge du candidat ne doit pas être inférieur à 18 ans et ne pas dépasser 40 ans alors que l’âge maximum est porté, éventuellement, à 45 ans pour une certaine catégorie de cadres et de fonctionnaires.
Quant à l’interdiction d’accès au concours aux candidats sous contrat avec le secteur privé, le Groupe parlementaire de l’USFP considère que cette condition est farfelue et dénonce «une décision abusive qui exclut de larges catégories de jeunes diplômés de passer les concours de l’enseignement».
Quant à la problématique des enseignants contractuels, El Hassan Lachguar, membre du Groupe socialiste à la Chambre des représentants, a appelé le ministère de l’Education nationale et le gouvernement à prendre sérieusement en compte les revendications légitimes de cette catégorie.
« Nous avons entendu tout au long de la campagne électorale et même après les élections des promesses concernant l’amélioration des salaires des enseignants contractuels, et il y a ceux qui ont même promis de les intégrer dans la fonction publique et d’augmenter de plus 2500 dh leurs rémunérations mensuelles. Mais, malheureusement, rien de tout cela n’est prévu dans le PLF 2022 », a souligné El Hassan Lachguar dans une déclaration, lundi dernier, à la chaîne 2M. Et d’ajouter : « Nous sommes face à une situation confuse».

Par ailleurs, le président du Groupe, Abderrahim Chahid, a quant à lui, dressé ce constat sans appel : « Le PLF 2022 est loin des aspirations des Marocains, surtout les classes moyennes et défavorisées ». «Les partis de la majorité gouvernementale ont fait de belles promesses électorales pour résoudre un nombre important de problématiques tels que l’emploi, la santé et l’éducation, mais malheureusement le PLF n’y a pas apporté de réponses appropriées », a tenu à préciser Abderrahim Chahid dans une déclaration à 2M. La déclaration de la députée ittihadie, Saloua Demnati, s’inscrit dans la même lignée en mettant à nu le décalage entre les promesses tenues par les partis de la majorité et les dispositions du PLF 2022.

« On ne trouve aucune trace de ces promesses dans le PLF », a-t-elle dénoncé dans un entretien avec la même chaine de télévision. Et de préciser : « En ce qui concerne le secteur de la santé, les postes d’emploi prévus dans le PLF ne répondent pas aux besoins du secteur. On a vu l’importance des cadres médicaux et paramédicaux dans la lutte contre la pandémie et on s’attendait à ce que ce projet crée suffisamment de postes dans ce secteur ».
Par ailleurs, Saloua Demnati a soutenu que l’USFP prône l’édification d’un Etat social et la réalisation de la justice sociale, et cela passe, selon elle, par une réforme fiscale juste. « Notre parti plaide toujours pour l’instauration d’un impôt sur la fortune, le capital et l’héritage », a-t-elle ajouté.

 

Mourad Tabet

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