L’interactivité avec l’Appel Royal
La perception globale que l’Union socialiste des forces populaires propose dans ce document se rapporte à sa vision politique de la manière de surmonter l’essoufflement qui afflige le modèle de développement existant, car il a atteint ses limites et n’est plus en mesure de suivre le rythme des besoins urgents des citoyennes et des citoyens.
Il n’est plus possible de moderniser le système de développement de notre pays face à la persistance de certaines formes de rente, de monopole et de corruption d’une part, et à l’aggravation des disparités sociales et spatiales d’autre part. Par conséquent, la vision politique de notre parti présente les principaux déterminants et piliers nécessaires pour établir un modèle de développement intégré, juste et équitable qui contribue à la forte mise en œuvre des exigences de la Constitution de 2011, en particulier celles liées à la transparence, la gouvernance et reliant la responsabilité à la reddition des comptes.
En effet, au cours des deux dernières décennies, le Maroc a réussi à réaliser des transformations positives et importantes qui ont contribué à fournir les conditions appropriées pour gagner les grands enjeux, que ce soit en termes de développement des structures politiques et institutionnelles ou en termes de renforcement de la compétitivité économique. Il a également réussi à réaliser des projets majeurs liés à de nombreux secteurs stratégiques tels que les infrastructures, les énergies renouvelables, les industries avancées, entre autres.
Cependant, la reprise de la croissance économique, qui a entraîné une augmentation de la richesse du pays, n’a pas atteint le niveau espéré d’amélioration de la situation sociale malgré le développement remarquable enregistré par notre pays traduit par la baisse des niveaux de pauvreté et l’amélioration de l’indice d’espérance de vie à la naissance, l’amélioration de l’accès aux services de base et le renforcement des infrastructures publiques (eau, électricité, routes). Notre pays n’a pas pu améliorer pleinement la situation sociale en raison de l’épuisement du modèle de développement actuel de son énergie et de sa capacité à faire face à l’augmentation continue des besoins et des attentes des citoyennes et des citoyens et à répondre aux multiples exigences liées à une vie décente. Compte tenu des difficultés et des contraintes qui ont empêché la réalisation du développement humain et social nécessaire, Sa Majesté le Roi, dans son discours devant le Parlement, vendredi 13 octobre 2017, a appelé toutes les parties prenantes à établir un nouveau modèle de développement selon une approche participative et intégrée. «A cet égard, nous invitons le gouvernement, le Parlement et les différentes institutions ou instances concernées, chacun dans son domaine de compétence, à reconsidérer notre modèle de développement pour le mettre en phase avec les évolutions que connaît le pays. », a indiqué Sa Majesté le Roi. Le Souverain a défini les grandes orientations liées à l’élaboration d’un modèle de développement intégré avec un nouveau souffle qui vise principalement à réduire les différences entre les groupes sociétaux et les disparités spatiales en réalisant un développement équilibré et équitable qui incarne la justice sociale et garantit la dignité humaine.
L’approche de la préparation de la vision de l’USFP
Tout en enregistrant avec satisfaction l’appel du Souverain, l’USFP insiste sur l’importance particulière des grands axes contenus dans le discours Royal prononcé le 12 octobre 2018 au sein de l’institution législative. Lesquels sont manifestes dans les questions d’urgence qui font l’unanimité nationale comme l’enseignement, la formation, l’emploi, la protection sociale et les questions de la jeunesse.
A l’instar de notre contribution responsable et sérieuse dans la dynamique de réforme globale que connaît notre pays, notre parti a pris l’initiative d’adhérer effectivement à ce chantier national à travers l’élaboration d’une vision claire et cohérente autour du projet du nouveau modèle de développement. L’USFP a pris en considération le message Royal adressé le 19 février 2018 aux participants aux travaux du troisième Forum parlementaire international sur la justice sociale. Ainsi que le fait que notre pays a besoin aujourd’hui d’élaborer une vision intégrée de son modèle politique, économique et social, à même d’instaurer une stratégie globale qui assimile parfaitement les défis sociaux soumis et répond aux aspirations des citoyennes et des citoyens.
Dans ce cadre, l’USFP s’est penché, grâce à son sens patriotique et son sérieux coutumier, sur l’élaboration de sa vision politique du nouveau modèle de développement, en se basant sur deux facteurs essentiels et complémentaires :
Premièrement : les cumuls de militantisme et politiques indiqués dans les documents du parti, notamment depuis le 8ème Congrès national en 2008, lorsque nous avons considéré que les projets de développement ne vont pas de pair avec les demandes accrues des citoyens. Et que le développement économique n’a pas été exploité de façon efficiente en vue de contrecarrer la précarité et la marginalisation sociale. Notre parti et depuis son 9ème Congrès national a insisté sur l’importance de créer un nouveau modèle de développement complémentaire et intégré, se fondant sur l’attractivité de l’investissement, de la justice territoriale et de la solidarité sociale. Lors du 10ème Congrès, l’USFP a rappelé l’importance de l’édification des piliers de la répartition juste de la richesse, de la réduction des disparités sociales à travers l’adoption de politiques publiques pourvues d’une dimension sociale équitable.
Deuxièmement : la mobilisation en continu des compétences et potentialités du parti pour un examen minutieux du modèle de développement actuel qui a atteint ses limites, avec l’examen des voies et dispositions possibles en vue de créer un nouveau modèle qui met en adéquation la croissance économique et le développement social, à même d’instaurer une société homogène, basée sur les principes de liberté, de justice et de solidarité. Il suffit, à cet effet, de signaler les conclusions de la journée d’étude sur le nouveau modèle de développement organisée par notre parti le 19 avril 2018, sous le thème « Un Etat juste et fort…une société moderne et solidaire », ainsi que celles de la journée d’étude tenue à Mohammedia le 21 septembre 2018 sur «la régionalisation et la déconcentration, sous le thème «Le Maroc des régions : une nécessité historique, nationale et démocratique».
Partant de là, les commissions thématiques du parti ont œuvré à mettre en place les prémices essentielles susceptibles de réaliser un développement global et durable, ainsi qu’à définir les fondements primordiaux de notre vision sociale-démocrate, se basant sur le modernisme, la justice, la parité et l’égalité des chances pour tous. Conformément à notre référentiel politique, notre parti a mis l’accent dans sa vision de développement sur la re-hiérarchisation des priorités économiques et sociales selon une approche volontariste et harmonieuse qui conduit les différentes potentialités et ressources nationales vers la consolidation de la justice et la cohésion sociales, ainsi que la solidarité entre les différentes couches de la population.
Cette vision de développement a été adoptée par le Conseil national de l’USFP tenu le 29 septembre 2018 et le communiqué final avait fait part de la nécessité de suivre une politique économique, sociale et culturelle qui vise l’équilibre entre les différentes couches et qui tient compte de l’amélioration des conditions des catégories pauvres et moyennes.
Dans l’élaboration de sa vision globale et intégrée, notre parti a veillé, lors des différentes étapes, à la résolution des problèmes affectant la situation sociale et des dysfonctionnements dans les secteurs de l’investissement, la protection sociale et la gouvernance publique. Nous avons évoqué les orientations Royales qui avaient mis l’accent sur les priorités sociales qui reflètent les préoccupations des Marocains dans les domaines de l’éducation, de la formation professionnelle, de la santé, de l’emploi des jeunes, du soutien social, entre autres. De même que nous avons veillé à l’interactivité positive et critique avec les différents rapports et études émis par des organisations internationales et des institutions nationales chargées d’établir, de suivre et d’analyser les indices économiques et sociaux de notre pays, ou ceux qui avaient évalué les politiques publiques et les programmes sectoriels suivis dans les domaines économique et social.
Nécessité du
renouvellement de l’approche
L’USFP considère que l’opération d’élaboration du nouveau modèle de développement exige de tirer les leçons des répercussions négatives de la mondialisation et des grandes crises économiques ayant conduit à des politiques conservatrices qui ont entraîné l’enrichissement de catégories représentant une minorité, au moment où la majorité s’est appauvrie, y compris la classe moyenne, qui en s’élargissant, la démocratie prospère et les conditions s’améliorent et qui en s’affaiblissant, l’espace de l’édification démocratique se rétrécit, la précarité se propage avec tous ses aspects négatifs économiques, sociaux et culturels.
La plus importante conclusion a priori à mettre en relief se rapporte aux visions et mécanismes généraux adoptés dans l’application du projet de développement à grande échelle, surtout au niveau de la délimitation des rôles et missions de l’Etat dans le processus de développement global. Et là, il est impératif de faire part de notre vision du rôle de l’Etat que nous ne voulons pas, conformément à nos principes socialistes et à notre position opposée à l’idée de destruction de l’Etat, qu’il soit un appareil permettant au conflit social et à l’économie du marché de contrôler la destinée du pays.
Nous voulons un Etat accomplissant un rôle incitatif et social au profit des catégories sociales les plus démunies, en garantissant les conditions d’une vie digne et d’une protection sociale juste et équitable. Nous sommes avec l’Etat qui soutient l’allégement des effets de la mondialisation manifestes dans la prolifération de la pauvreté et la précarité en l’absence d’une concurrence économique nationale capable de réaliser l’équilibre social.
Partant de là, notre parti insiste sur le fait que l’instauration du nouveau modèle de développement est une question stratégique qui exige de nous l’audace dans l’exposé, la créativité dans les moyens et le renouvellement dans l’approche. Le changement du modèle actuel ne peut se faire sans la mise en place de mécanismes de rapprochement entre les différentes catégories. La société solidaire est celle où tout citoyen se considère comme étant responsable du soutien de l’autre dans le cadre des engagements et devoirs vis-à-vis de la nation et des citoyens. A cet effet, les changements politiques et sociaux qu’a vécus et vit notre pays nous obligent à davantage de veille et d’assimilation parfaite des attentes des Marocains à l’intérieur et à l’extérieur du pays. Nous devons éviter le risque de passer sous silence les aspirations relatives à un système politique et institutionnel garant des droits et de la dignité du citoyen en renforçant les fondamentaux de l’Etat de droit et en conférant un contenu concret à la spécificité du système politique marocain en sa qualité de Monarchie démocratique et sociale.
La vision de l’USFP du nouveau modèle de développement
Sur cette base, et conformément aux principes de la social-démocratie, les principaux déterminants du modèle de développement alternatif et viable concernent l’attractivité des investissements, la justice territoriale et la solidarité sociale. Cela nécessite la mise en place du nouveau modèle avec deux piliers parallèles : croissance économique soutenue et développement social durable, c’est-à-dire redoubler d’efforts pour renforcer la compétitivité économique, améliorer la situation sociale du citoyen et soutenir son pouvoir d’achat. Cela ne sera pas possible sans un équilibre entre la croissance économique et le développement social. Autrement dit, établir un contrat économique à dimension sociale avec une nouvelle génération de réformes, comme l’a souligné notre parti lors de son dixième Congrès national. Ce type de contrat peut créer les conditions appropriées pour renforcer les capacités et les compétences nationales et établir les mécanismes nécessaires pour assurer la cohérence des programmes sectoriels et éducatifs et la convergence des politiques publiques. Tout en consolidant le développement aux dimensions régionale et locale, avec une place de leader pour les femmes et les jeunes.
Partant de notre position de parti progressiste moderniste qui prône les principes et les valeurs de liberté, de justice, d’égalité et de solidarité, le concept que nous proposons en vue d’établir un nouveau modèle de développement repose sur cinq piliers fondamentaux que nous jugeons nécessaires pour relever les défis économiques et sociaux et apporter des transformations décisives à l’horizon 2040. Ces piliers se rapportent à l’institutionnel, l’économique, le social, le sociétal et le culturel.
1- Le pilier institutionnel
Le pilier institutionnel permettra de renforcer le rôle des institutions pour appuyer le modèle économique, social et culturel que notre pays aspire à développer dans le cadre des dispositions constitutionnelles, de l’Etat de droit et de la protection des droits et des libertés.
Dans ce sens, il faut œuvrer à dépasser la crise chronique du système de la représentativité, notamment les effets négatifs du mode de scrutin de liste pendant plus de 15, contribuant ainsi à l’affaiblissement des institutions représentatives et à l’accroissement de la corruption électorale via l’utilisation de l’argent pour acheter les voix ou le recours à la charité. Pour cela, il faut des réformes solides pour favoriser une réelle représentativité politique dans toutes les instances électives à tous les niveaux national, régional et local, étant donné que notre pays a choisi la voie de la démocratie dans la gestion de la chose publique.
Il est temps, donc, de réviser de fond en comble le système électoral qui contribuera à la rénovation des élites politiques et à la consécration de la représentativité de proximité. Et dans ce sens, nous affirmons que le mode de scrutin uninominal est à même de consacrer la communication permanente et sérieuse entre les élus et les citoyens. Ce mode de scrutin favorisera également l’émergence des représentativités crédibles et des élites compétentes et honnêtes et permettra de rehausser la qualité de l’action dans les différentes instances électives, ce qui aura un impact positif sur la qualité et l’efficience de la gestion publique. Il faut également doter l’acteur politique de moyens nécessaires pour développer son action d’encadrement, surtout que la société politique n’a pas bénéficié de moyens dont a bénéficié la société civile. Et malgré tout cela, elle a pourtant assumé pleinement ses fonctions d’encadrement et de mobilisation. Nous ne croyons absolument pas que le changement nécessaire de la réalité actuelle pour l’élaboration d’un nouveau modèle de développement puisse se faire sans une réforme du système électoral que nous considérons à raison comme prélude politique pour assurer les conditions nécessaires au succès des réformes économiques et sociales.
Nous sommes également tenus d’exploiter positivement les nouvelles dynamiques politiques que notre pays a connues, notamment après l’adoption de la Constitution de 2011 qui contient des dispositions importantes pour le renforcement des institutions politiques et de la gouvernance publique. Cela exige que nous œuvrons tous à la mise en application de ces dispositions de façon à consacrer les fondements d’un Etat fort et juste et les valeurs d’une société moderniste et solidaire et à œuvrer en toute responsabilité à résoudre quelques aspects inadéquats liés à certaines pratiques politiques.
Le but étant d’œuvrer à élargir le champ de partage des pouvoirs entre l’Etat central et les espaces territoriaux décentralisés, la pratique effective de la liberté et de la justice, la mobilisation des efforts et des moyens nécessaires pour généraliser les services publics et la préservation de la diversité culturelle et linguistique dans le cadre de l’unité de l’identité nationale.
Cela exige également de veiller à l’indépendance effective du pouvoir judiciaire au service du citoyen, de la loi et du développement au sens que S.M le Roi Mohammed VI avait donné dans son message adressé aux participants à la conférence internationale sur l’indépendance du pouvoir judiciaire le 2 avril 2018 quand le Souverain a souligné que « le principe a été consacré, non pas au bénéfice des magistrats, mais à l’intention des justiciables et à leur profit. Le principe a ainsi créé un droit pour les justiciables et un devoir pour les magistrats ».
En outre, il faut aussi veiller à la bonne application de la régionalisation et de la déconcentration, à la modernisation de l’administration publique dans le but de généraliser et d’améliorer les services essentiels au profit des citoyens et des entreprises et à la mise en œuvre des réformes institutionnelles visant le rassemblement et la complémentarité, notamment dans le domaine social, les affaires de la jeunesse, de la migration et du développement, ainsi que d’autres mesures qui sont à même de renforcer l’efficacité institutionnelle qui est une condition sine qua non pour appuyer tout modèle de développement efficace.
Une édification politique et institutionnelle solide est nécessaire pour développer la structure économique et garantir sa dynamique d’une façon rationnelle en vue de produire la richesse, de renforcer la compétitivité du pays et de faire en sorte que le développement économique contribue à l’amélioration des conditions de vie des citoyennes et des citoyens.
2- Le pilier économique
Le pilier économique consiste en la reprise de l’initiative nationale dans le domaine de la gestion financière et économique, d’autant que notre pays a besoin aujourd’hui d’élaborer un nouveau modèle de développement qui ne parie pas seulement sur les facteurs extérieurs et la mondialisation. Le pays a besoin donc d’un modèle de développement mobilisant les forces de production nationales et renforçant le pouvoir d’achat pour le développement du marché intérieur. Il s’agit d’un modèle économique ouvrant de nouvelles potentialités pour les PME pour accéder au financement, tout en mettant l’accent sur la nécessité de rénovation en matière de financement. Pour cette raison, il faut des réformes audacieuses pour que l’économie et les investissements soient au service de la production et l’industrialisation, tout en se focalisant sur les investissements permettant la création de postes d’emploi, et ce dans le but de créer une dynamique économique à même de promouvoir le développement.
Et pour réaliser un développement économique qui aura un impact social patent, il faut œuvrer à booster le rythme de la croissance pour qu’elle atteigne un taux avoisinant 6 ou 6,5 % à l’horizon 2025, à renforcer la compétitivité des entreprises nationales et à augmenter les exportations. Il faut également mettre en place une politique financière et monétaire efficace en vue de renforcer l’investissement public tout en veillant à le distribuer équitablement entre les régions pour bien gérer la dette publique. Il faut, en outre, réaliser des avancées dans le domaine de l’amélioration du climat des affaires et de la coordination des politiques publiques, tout en tenant à découvrir de nouvelles potentialités de développement par le biais d’investissement dans d’autres secteurs prometteurs.
La relance économique réelle exige de ne pas poursuivre la même politique monétaire et financière pour éviter les causes de la faillite des entreprises conduisant ainsi à la perte de postes d’emploi et, partant, à la détérioration du niveau de vie des ménages marocains et au déficit des caisses de prévoyance sociale. Cette relance économique ne peut se faire qu’en limitant la spéculation, les monopoles et la rente, ce qui nécessite un changement global du climat d’investissement, l’encouragement des PME, l’intégration progressive du secteur informel et le renforcement des partenariats public-privé.
De ce point de vue, l’USFP estime nécessaire d’apporter des changements radicaux dans de nombreux domaines, tels que la mise en place d’un nouveau système fiscal plus juste et plus équilibré, l’encouragement des petits et moyens investissements avec des incitations réelles et concrètes, l’abolition de la spéculation, du monopole, le profit illicite et la concurrence déloyale et d’autres mesures qui entraîneraient des changements réels dans les domaines de la fiscalité, de la finance et de l’investissement.
En outre, il est nécessaire de mettre en place un système économique qui soutient les mécanismes sociaux visant à accroître le pouvoir d’achat des citoyennes et des citoyens et à rendre justice aux couches défavorisées et moyennes, car la répartition de la richesse ne peut avoir lieu dans le cadre des systèmes financier et fiscal en vigueur, lesquels servent généralement les mêmes groupes privilégiés, mais restent hermétiquement fermés aux autres couches sociales, y compris les classes moyennes qui, à leur tour, éprouvent des difficultés dans leur vie quotidienne. Une politique économique et financière ne sert à rien si elle n’est pas en mesure de contribuer efficacement à résoudre les problèmes sociaux et à instaurer la cohésion sociale en réalisant les principes de justice, de solidarité et d’égalité des chances pour tous.
Un dynamisme économique et financier solide et soutenu est essentiel pour renforcer les capacités de production de la richesse nationale et orienter les bénéfices et les recettes vers les domaines sociaux les plus vitaux en créant un climat approprié stimulant la participation de chacun à la mise en place d’un nouveau modèle de développement.
3- Le pilier social
Le pilier social vise à garantir les droits économiques et sociaux relatifs au travail, à l’éducation et à la santé, qui sont devenus la principale préoccupation, surtout après les acquis importants que le Maroc a réalisés dans le domaine des droits politiques et civils.
Parmi les priorités, à ce niveau, figure le système éducatif qui souffre de dysfonctionnements structurels, qui se manifestent en particulier dans l’abandon scolaire et dans la détérioration de la qualité de l’enseignement, ce qui nécessite une réforme profonde qui passe par un engagement honnête d’investir les acquis positifs et d’éviter la politisation étriquée des problèmes d’éducation et de formation. Il est urgent de rompre avec l’attentisme et d’avoir l’audace nécessaire pour réformer le système éducatif dans sa globalité afin qu’il puisse mobiliser les énergies et les moyens financiers et intellectuels et les ressources humaines pour mettre en place un système éducatif où il n’y a pas de place à la ségrégation sociale, un système moderne et conforme aux exigences du développement.
Nous considérons que la gratuité de l’enseignement est un droit pour le peuple marocain, un engagement et un contrat de l’Etat avec la société, et nous soulignons la nécessité de garantir la justice sociale et linguistique à tout le peuple marocain, car il est déraisonnable de permettre à une minorité privilégiée d’accèder à la science, à la connaissance et à la parfaite maîtrise des langues étrangères, et d’hypothéquer le sort de la majorité du peuple confinée dans l’enseigement traditionnel, non-ouvert aux langues étrangères les plus parlées au monde. Combler les différences de classe et établir un modèle de développement juste et équitable passent par l’égalité des chances dans l’enseignement pour permettre à tous d’obtenir les mêmes outils de connaissances de la même manière et avec les mêmes moyens, tout en adoptant des programmes et des approches pour s’approprier les outils de la pensée rationnelle et critique.
Il convient de souligner, à cet égard, que les dispositions constitutionnelles ont tranché de nombreuses problématiques épineuses telles que l’identité nationale, les langues et les droits et les devoirs, ce qui a permis de doter le système national d’éducation et de formation d’une loi-cadre définissant les grandes orientations et options stratégiques encadrant les politiques éducatives et définissant la fonction de l’école et de l’université et leur rôle dans la promotion de la cohésion sociale et du développement économique.
Nous soulignons également l’importance primordiale de réformer, d’étendre et de développer les systèmes de protection sociale. Soyons clairs: dans le cadre des grands chantiers économiques et des grands projets sectoriels que connaît le Maroc reflétant une orientation stratégique ambitieuse, il est aberrant que l’action au niveau social soit régie par une vision circonstancielle marquée essentiellement par l’aide sociale et la charité, qui ne contribueront qu’à l’accentuation de la précarité et de l’exclusion sociale. En ce qui concerne l’effort consenti aujourd’hui, il est devenu nécessaire que l’approche stratégique englobe le domaine social, ainsi que le domaine économique et la mise en place d’une protection sociale équitable, élargie et durable.
D’autre part, il est nécessaire et même urgent de prendre des initiatives audacieuses pour créer des postes d’emploi afin de gagner la bataille contre la précarité et l’exclusion sociale, et ce en mettant en place une vision stratégique pour les politiques publiques relatives à l’emploi d’une manière assurant la cohérence entre le développement économique, la mise à niveau de l’entreprise nationale et l’encouragement des investissements d’une part, et la réforme de l’éducation, de la formation, institutionnelle et juridique de l’autre.
En plus, les dysfonctionnements du système de santé doivent être corrigés en fournissant des services de santé de qualité accessibles à tous en établissant un système d’assistance médicale fondé sur l’équité et la justice spatiale. L’USFP insiste sur la nécessité d’adopter une vision globale dans le domaine de la santé qui ne soit pas basée sur le modèle médical purement pathologique et thérapeutique, mais plutôt sur un modèle cohérent de santé sociale qui ne se limite pas seulement à la santé physique et vise à redistribuer les dépenses publiques en faveur des services sociaux, en particulier les services de santé. Cela permettra au nouveau modèle de développement d’établir le droit de tous les citoyens à la santé et à bénéficier des moyens de prévention, de médication et de traitement conformément aux principes d’égalité, de justice, d’équité et de solidarité.
Le renforcement des prestations sociales est une condition sine qua non pour améliorer les conditions de vie des citoyennes et des citoyens et assurer la sécurité sociale, ce qui contribuerait à renforcer la cohésion sociale et à consolider la solidarité entre les différentes couches de la société.
4- Le pilier sociétal
Le pilier sociétal est un facteur crucial dans le processus de modernisation et de progrès et fait du modèle de développement basé sur l’approche genre un pas supplémentaire sur la voie de la promotion effective de la condition des femmes et de la garantie de leurs droits économiques et sociaux. Le modèle de développement devrait également disposer des mécanismes d’intégration nécessaires destinés aux personnes handicapées, aux personnes âgées et à d’autres groupes de la société, incarnant les valeurs d’équité, d’égalité et de solidarité.
De notre point de vue politique, le modèle auquel aspirent le Maroc d’aujourd’hui et le Marocain de demain consiste en la mise en place d’une société démocratique, équilibrée et ouverte à toutes les énergies capables de contribuer activement à l’élaboration du nouveau modèle de développement. Cela nécessite la consolidation d’un système cohérent fondé sur la parité, l’égalité et la dignité humaine afin de lutter contre l’exclusion et la marginalisation et d’assurer la participation effective des différents groupes sociaux à la vie politique, économique, sociale et culturelle.
L’USFP affirme la nécessité d’une interprétation ouverte et moderne des dispositions et des lois qui encadrent la société de l’égalité, de la parité et de l’égalité des chances en tant que cadre sociétal accueillant tout le monde et garantissant la dignité de ses citoyennes et de ses citoyens.
A cet égard, la voie choisie par le Maroc devrait être renforcée, car il a pu, au cours des deux dernières décennies, faire de la question de la promotion de la condition de la femme une partie intégrante du projet sociétal global relatif à la réforme et à la réconciliation. Beaucoup d’acquis importants ont été réalisés et qui ont accordé à la femme une place privilégiée dans l’espace public. Cette lutte a été couronnée par l’adoption de la Constitution, dont notamment l’article 19 stipulant la nécessité de réaliser l’égalité homme-femme dans tous les domaines.
Par conséquent, il n’y a pas d’autre solution que de vivre notre temps et d’avancer vers l’avenir avec la pleine contribution des femmes, qui devraient figurer à la tête des priorités du nouveau modèle de développement, car elles sont – comme le prouvent les expériences des pays démocratiques développés – un acteur clé de la construction démocratique, du développement et du progrès de la société. Pour cette raison, le modèle de développement doit inclure tous les mécanismes qui sont à même d’améliorer la condition des femmes dans tous les domaines en garantissant leurs droits à l’éducation, à la santé, à l’emploi, à la citoyenneté et à la participation politique et culturelle.
Il est tout aussi important d’élaborer une vision stratégique visant à améliorer les conditions des enfants dans les différents espaces (familles, établissements d’enseignement, espaces publics, collectivités locales, …) et à lutter contre la précarité par le biais d’une politique équilibrée fondée sur la justice spatiale et sociale. Les politiques publiques visant à améliorer les conditions de l’enfance sont la base d’une future planification solide à même de construire des sociétés fortes et solidaires et préparer une génération prête à assumer des responsabilités et capable de relever les différents défis de développement.
Des progrès doivent également être accomplis dans l’application des dispositions constitutionnelles définissant les rôles, les fonctions et les mécanismes qui confèrent aux jeunes des droits fondamentaux et les motivent à participer activement à la vie politique et civile. Il est bénéfique, en renforçant le nouveau modèle, d’augmenter les investissements matériels et moraux dans la jeunesse et d’améliorer sa condition, afin d’améliorer ses contributions politiques et économiques à la réalisation du développement social et humain.
Par ailleurs, notre parti considère que le décollage du développement dépend de la politique d’intégration des différentes couches sociétales, notamment au niveau de deux grandes catégories sociales :
• Les personnes handicapées qui ont des qualifications importantes pour participer au décollage du développement. Leur condition nécessite l’adoption d’une méthodologie permettant la transition d’une perspective purement sympathique à un traitement participatif à dimension humaine permettant à chacun de s’intégrer pleinement dans la société;
• Les personnes âgées qui ont contribué à la construction de l’économie nationale et au développement sociétal de notre pays, et qui formeront une base importante, car les changements démographiques dans les décennies à venir dans notre société, selon les données du Haut-Commissariat au plan, se caractériseront par le vieillissement de la population.
La cohésion sociale est une condition sine qua non à l’établissement d’un nouveau modèle de développement basé sur l’inclusion sociale et la mobilisation de diverses capacités nationales pour réaliser les objectifs de développement global et durable tels que définis par la communauté internationale. Pour relever les défis de développement dans ses dimensions économiques et sociales, notre pays – acteur historique de premier plan, respectueux de l’environnement et de ses intérêts – doit adopter une politique environnementale intégrée et multidimensionnelle dans le but d’améliorer la gestion durable des ressources naturelles, de renforcer l’écosystème et de préserver la composante naturelle.
5- Le pilier culturel
Sur cette base, l’USFP souligne, en tant qu’acteur historique dans le champ culturel national, la dimension démocratique et moderniste de la culture, qui nécessite la mise en œuvre effective des exigences constitutionnelles liées au respect des principes de pluralisme, de diversité, de citoyenneté et de liberté d’opinion et d’expression. Il est donc nécessaire de créer une dynamique sociétale forte rejettant toutes les formes d’aliénation conservatrice et de pensée nihiliste, et qui est capable de produire un nouveau pôle culturel contribuant à promouvoir la libre créativité, la culture de la différence et l’esprit de coexistence et d’ouverture sur l’autre.
De plus, notre parti souligne la nécessité d’établir une perception intégrée et harmonieuse de la gestion des différentes formes linguistiques selon une approche basée sur les données techniques, les déterminants fonctionnels et les extensions environnementales pour assurer la participation de tous aux efforts de développement. Par conséquent, il est nécessaire de travailler sur le renforcement du statut culturel et juridique des deux langues arabe et amazighe et en même temps, de consolider les différentes dimensions institutionnelles, scientifiques et économiques de la gestion des langues pour en faire une gestion raisonnable, juste et équitable.
Conférer le prérequis culturel au décollage du développement nécessite la consolidation d’une socialisation ouverte, la créativité artistique, la propagation des principes des droits de l’Homme et la généralisation des valeurs de coexistence et de dialogue rationnel. Elle nécessite également une adhésion collective et spontanée aux différentes initiatives Royales liées à la réforme du champ religieux, qui ont eu un impact profond sur le niveau d’encadrement à travers une orientation rationnelle qui doit être soutenue et renforcée. Cela nécessite également le développement des médias publics et la participation de la société civile et des médias dans l’établissement du nouveau modèle de développement en mobilisant l’opinion publique et en poussant les citoyennes et les citoyens à adhérer aux objectifs de développement social et humain.
Maintenir la stabilité et la sécurité pour accélérer le décollage du développement:
Enfin, il faut souligner que notre perception du nouveau modèle de développement nous oblige à évoquer divers défis numériques, démographiques, environnementaux et sécuritaires, et à prendre en compte les répercussions des problèmes chroniques actuels tels que la drogue, la criminalité, l’immigration illégale, le terrorisme et l’extrémisme.
C’est à la lumière de la sécurité, de la stabilité et des grands intérêts du pays que le Maroc peut mobiliser des énergies collectives pour consacrer la voie irréversible du progrès et de la modernisation et défendre les valeurs d’intégrité, d’efficacité et de responsabilité. Il ne fait aucun doute que nous sommes aujourd’hui en train de prendre un tournant historique dans l’histoire de notre pays à travers l’élaboration d’un modèle de développement alternatif qui permettra de réaliser la justice sociale, de garantir la dignité humaine et de consolider les valeurs d’égalité, d’équité et de solidarité.
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