Maroc-Hebdo par Aissa Amourag
Soutenu par plusieurs partis d’opposition, ce projet de loi de l’USFP vise à sauver une entreprise empêtrée depuis des années dans les tracasseries judiciaires. Comme il vise à doter l’Etat d’une entreprise stratégique pour assurer au pays son indépendance énergétique.
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L’affaire de la raffinerie nationale, la Samir, revient aux devants de la scène politique. Vendredi 10 juillet 2020, le groupe de l’USFP à la Chambre des conseillers a déposé un ambitieux projet de loi pour la reprise de cette raffinerie par l’Etat marocain.
Il s’agit, en réalité, d’une renationalisation de cette entreprise stratégique, privatisée en 1995 après sa vente au groupe saoudien Corral, dirigé par l’homme d’affaire saoudo-éthiopien, Mohamed Houcine Al Amoudi. Une vente qui s’est déroulée dans des circonstances peu transparentes alors qu’il s’agissait d’un joyau économique du Royaume dans le domaine très sensible des hydrocarbures.
Pour Abdelhamid Fatihi, chef du groupe socialiste à la Chambre des conseillers, «il est plus que jamais urgent pour l’Etat marocain, dans le contexte actuel de la pandémie où les prix des hydrocarbures ont considérablement chuté, de reprendre la Samir pour s’en servir pour sauvegarder l’indépendance du pays en matière d’hydrocarbures ».
Mobilisation politique
Le projet de loi propose l’annulation de toutes les hypothèques et garanties de toute nature enregistrées sur les biens de la société et accorde au ministère de l’Economie et des Finances les prérogatives pour entamer les procédures nécessaires pour la reprise des actifs de la société par l’Etat. Soutenu par plusieurs partis d’opposition dont le PPS, l’Istiqlal et le PAM, ce projet de loi a pour objectif de sauver une entreprise importante qui se trouve actuellement au coeur d’un processus judiciaire interminable qui vise à liquider une partie de son patrimoine.
Ces problèmes judiciaires ainsi que l’arrêt prolongé de son activité industrielle depuis août 2015 ont également empêché sa vente à un repreneur privé. Plusieurs majors de l’industrie pétrolière mondiale se sont présentés à sa reprise, mais ils se sont finalement retirés au vu des circonstances financières dramatiques de l’entreprise.
Pour beaucoup de spécialistes, l’Etat est désormais en position de force pour la reprise de la raffinerie vu qu’il est lié, depuis trois mois, à un contrat de location des capacités de stockage de la société. Une situation qui pourrait lui faciliter le processus de reprise. Il faut dire que ce projet de loi et toute cette mobilisation des politiques autour de la reprise de la raffinerie de Mohammedia ont pu avoir lieu grâce à l’intense lobbying réalisé par le Front national pour la sauvegarde de la raffinerie, une ONG constituée depuis quelques années par des avocats, des intellectuels, des syndicalistes, des membres de la société civile et des salariés de l’entreprise.
Ce projet de loi intervient à quelques semaines de la sélection par le tribunal de commerce de Casablanca de la banque d’affaire CFG pour piloter l’opération de vente de la raffinerie. Une décision qui avait été réclamée par les créanciers de la société, dont, principalement, les banques.
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