Driss Lachguar appelle au dépassement des entraves empêchant le développement du Maroc et de l’Algérie et la réalisation de l’intégration économique entre les deux pays
Tout est symbolique dans le meeting national organisé par l’USFP en fin de semaine passée à Oujda sous le slogan : «Le Maroc et l’Algérie, locomotive de l’édification de l’avenir du Maghreb».
Tout d’abord, le choix de cette ville orientale limitrophe de l’Algérie n’était pas fortuit. «Le choix d’Oujda pour abriter ce meeting national vise à rappeler son rôle historique et stratégique pour tisser des liens étroits entre les Marocains et les Algériens, à la fois dans des moments de joie ou de détresse, afin de défendre les intérêts communs des deux peuples, et ce depuis les batailles de libération contre l’occupation », a souligné le Premier secrétaire de l’USFP, Driss Lachguar, dans son allocution prononcée en l’occasion. Et de poursuivre: « Comme par le passé, les habitants de cette ville resteront attachés au voisinage ouvert et illimité et aux espoirs maghrébins nés lors de la Conférence de Tanger (1958) comme une étape décisive dans la consolidation d’une prise de conscience sereine, d’un destin commun et d’espoirs unifiés. Comme je l’ai clairement signalé il y a plus de deux ans, dans un discours prononcé dans cette ville le 1er octobre 2016 et dans lequel j’ai dit littéralement : «Il faut aujourd’hui avant demain se rappeler la Conférence de Tanger et l’ouverture de la frontière … ».
Selon le dirigeant ittihadi, le parti de la Rose a pris l’initiative d’organiser ce meeting national « pour souligner la sincérité de la main tendue aux frères algériens afin de réunir les conditions de réconciliation nécessaires pour s’orienter ensemble vers la construction d’un avenir meilleur marqué par le bon voisinage et la coopération bilatérale en vue de réaliser le développement global et durable au profit des deux peuples». Il a également rendu hommage au dirigeant ittihadi et résistant Abderrahman El Youssoufi qui a proposé cette initiative, qui a noué de bonnes relations avec plusieurs dirigeants algériens et qui « n’a jamais cessé de renforcer les liens de fraternité et de coopération entre les peuples frères marocain et algérien», selon Driss Lachguar. Et d’ajouter : « Nous exprimons notre profonde gratitude à notre grand dirigeant et cher frère, Abderrahman El Youssoufi, qui a réagi à l’appel de S.M le Roi en donnant des exemples aux générations ittihadies émergentes sur la manière de relier le passé au présent et de surmonter les obstacles pour aller de l’avant. Le parti a tenu à faire sienne cette noble initiative et à ce que la direction du parti encadre ce meeting national ».
Le dirigeant ittihadi a mis l’accent sur un autre symbole. Ce grand meeting a été organisé au théâtre qui porte le nom de Mohammed VI. « Ce n’est pas fortuit si nous avons organisé ce meeting dans cet espace qui porte le nom de Mohammed VI, ce Monarque unitaire qui n’a cessé depuis son accession au Trône de soutenir les moyens de coopération et de promouvoir la culture et les valeurs de paix et de fraternité entre les différents peuples du monde», a précisé Driss Lachguar tout en affirmant que cet événement s’inscrit dans le cadre de l’initiative du Souverain annoncée dans son discours prononcé à l’occasion du 43ème anniversaire de la Marche Verte et dans lequel S.M le Roi Mohammed VI a fait savoir que «le Maroc est ouvert au dialogue direct et franc entre les deux pays frères ». Cette position responsable a souligné l’ouverture du Maroc à toutes les propositions et initiatives que nous attendons de l’Algérie pour sortir de l’impasse dans laquelle se trouvent les relations bilatérales», a ajouté le Premier secrétaire qui s’exprimait devant des milliers de militants ittihadis et des représentants des partis politiques qui ont pris part à ce meeting.
Il a, par ailleurs, salué la proposition du Souverain visant à créer un « mécanisme politique commun de dialogue et de concertation qui constituerait un cadre idoine pour la coopération bilatérale entre les deux pays à tous les niveaux ».
Le dirigeant ittihadi a rappelé quelques étapes historiques marquant les liens de fraternité entre les deux peuples marocain et algérien. « Nous n’oublierons pas la bataille d’Isly entre le Maroc et la France en 1844, déclenchée à cause de l’aide apportée par le Sultan Rahman Ben Hicham à la résistance algérienne contre la France et son hébergement de l’Emir Abdelkader. Les Français ont attaqué le Maroc et lui ont imposé des conditions difficiles pour empêcher les Marocains de soutenir les Algériens». Et d’ajouter : «Nous n’oublierons pas le discours de Feu S.M le Roi Mohammed V du 15 septembre 1956, dans lequel il abordait les souffrances des peuples du Maghreb, en particulier du peuple algérien, à la suite de la politique coloniale française, soulignant la nécessité de trouver une solution juste et pacifique au problème algérien, tout en insistant que l’avenir de l’Algérie ne peut être garanti que dans le cadre de l’unité du Maghreb arabe ».
Le dirigeant ittihadi a souligné également que le Maroc a payé cher pour son soutien à l’Algérie, en particulier pendant neuf mois, quand il a été contraint de rompre ses relations avec la France à la suite du détournement de l’avion marocain transportant les cinq dirigeants algériens venus au Maroc et invités du défunt Roi Mohammed V.
Mais la position qui restera à jamais gravée dans l’histoire du Maroc et de l’Algérie, d’après lui, concerne la proposition de «la France au gouvernement marocain d’engager des négociations pour régler le problème des frontières lors de la guerre de libération algérienne, le défunt Roi Mohammed V, connu pour sa loyauté et sa probité, refusa de négocier directement avec la France, préférant régler le problème après l’indépendance de l’Algérie ».
Les souvenirs d’enfance, d’étudiant et d’homme politique relatés par Abdelouahed Radi lors de ce meeting national reflètent les liens de fraternité et de solidarité entre les Marocains et les Algériens.
Quand Abdelouahed Radi était encore enfant, les Algériens vivaient au Maroc et travaillaient dans l’administration marocaine, les écoles, l’agriculture, ou exerçaient des professions libérales et « il n’y avait aucune différence entre eux et les Marocains »,
A titre d’exemple, Abdelouahed Radi a évoqué le cas d’un Algérien qui travaillait dans le cabinet de Abderrahim Bouabid (à l’époque ministre de l’Economie et des Finances après l’indépendance du Maroc) et par la suite, il avait été nommé à un poste clé au ministère (directeur de la planification), ce qui confirme, selon Abdelouahed Radi, la confiance absolue que les Marocains accordaient aux Algériens à cette époque.
Cet ancien Premier secrétaire et ancien président de la Chambre des représentants, a également rappelé les manifestations survenues à Skikda après l’exil de Mohammed V en 1953 et au cours desquelles des Algériens avaient perdu la vie. « Après le retour d’Abderrahman El Youssoufi au Maroc durant les années 90, nous avons organisé à Oued Zem et Khouribga, des meetings pour remercier Skikda pour sa solidarité avec le Maroc. Avec le même esprit, quand les Français ont détourné l’avion qui transportait les dirigeants du FLN en octobre 1956, des manifestations de protestation ont été déclenchées à Meknès».
Abdelouahed Radi a conclu son allocution par la lecture d’une lettre adressée par une citoyenne algérienne qui a pris part au Salon du livre du Maghreb arabe au directeur dudit salon. Cette Algérienne a assuré : «Si les géographies et les douleurs de l’histoire nous séparent parfois, nos cœurs n’ont définitivement pas de frontières ».
Mbarek Bouderka a pour sa part relaté quelques souvenirs reflétant les liens de fraternité et de solidarité entre les deux peuples pendant la guerre de libération et après l’indépendance. A titre d’exemple, il a rappelé que Abderrahman El Youssoufi avait présenté des dirigeants du FLN au Roi Mohammed V. Et après le détournement de leur avion en 1956, El Youssoufi a été désigné avocat assurant le lien entre les dirigeants algériens en Tunisie, en Egypte et au Maroc et les dirigeants détenus en France.
En dépit de son âge, de son état de santé et des conseils de ses médecins, Abderrahman El Youssoufi a insisté pour être présent personnellement à ce grand événement et prendre la parole lors de ce meeting modéré par Mehdi Mezouari, membre du Bureau politique de l’USFP.
Abderrahman El Youssoufi, l’une des figures de la résistance contre l’occupation, a salué l’initiative de S.M le Roi Mohammed VI en vue de normaliser les relations entre Rabat et Alger : «J’ai appris avec une grande joie et un grand soulagement la teneur du discours de S.M le Roi à l’occasion du 43ème anniversaire de la Marche Verte, dans lequel le Souverain a appelé à réunir toutes les conditions idoines pour réaliser la réconciliation historique avec nos frères algériens et a proposé à cette fin la création d’une commission commune en vue de mettre en place un mécanisme politique de dialogue, avec un esprit constructif et consensuel entre les deux pays».
Abderrahman El Youssoufi a souligné que « nos deux pays et nos dirigeants n’ont pas besoin de médiation pour avoir le courage de trouver des solutions à tous les problèmes en suspens entre les deux pays ».
Il a, par ailleurs, considéré que « l’esprit du discours, sa forme et sa structure, reflètent la position sincère de S.M le Roi» et que « la proposition et l’initiative de S.M le Roi Mohammed VI constituent une perspective d’avenir pour réaliser notre victoire collective en tant que Marocains et Algériens » sur tous les problèmes qui entravent l’unité des peuples du Grand Maghreb et la prospérité et le développement de cette région.
Au moment où Mehdi Mezouari était sur le point de clôturer ce grand meeting, une personne probablement d’origine algérienne avait brandi le drapeau algérien et clamé haut et fort : «Le rêve des peuples pour l’unité se réalisera un jour ».
Mourad Tabet
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